Lundi 15 octobre à 20h30, dans le cadre du Festival ciné-Palestine, le club-ciné de la MJC présentera au cinéma de Millau « Wajib l’invitation au mariage » (2017) de la réalisatrice palestinienne, Annemarie Jacir.
Dans les rôles principaux : Mohammad Bakri et Saleh Bakri, deux acteurs père et fils. Film sélectionné à Locarno, grand prix du jury et prix du public au festival international d’Amiens.
Abu Shadi, 65 ans, professeur à Nazareth, divorcé, prépare le mariage de sa fille. Dans quelques mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne.
Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les proches, les amis et les connaissances, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.
A. Jacir : « Ils sont tous les deux si talentueux ! Avec Saleh nous avons démarré ensemble… Quand j’ai écrit Wajib, j’ai tout de suite pensé qu’il jouerait Shadi !
Le choix de Mohammad était plus compliqué : je connaissais son talent, je savais ce qu’il pourrait apporter au personnage, et que le faire jouer avec son fils apporterait encore davantage, d’autant que les questions soulevées par le film sont aussi les siennes… »
Annemarie Jacir à propos du Wajib : « C’est une tradition en Palestine : lorsque quelqu’un se marie, les hommes de sa famille, généralement le père et les fils, doivent personnellement remettre, en mains propres, à chaque invité, les invitations au mariage.On ne les poste pas, on ne les fait pas distribuer par des étrangers, ce serait irrespectueux. Au fond le « Wajib » existe un peu partout dans le monde, pour le dire plus simplement, cela qualifie votre « devoir social », les choses que vous devez faire en société et en famille.C’est le Wajib de Shadi, d’aide son père à distribuer les invitations. C’est le wajib d’Abu Shadi d’inviter certaines personnes au mariage, même s’il sait qu’elles ne pourront pas venir, ou s’il n’a pas envie qu’elles viennent. Le wajib est ce qui permet aux traditions de survivre. En Palestine, une terre occupée depuis 70 ans, c’est capital. Je suppose que c’est comme revendiquer une identité et les contradictions qui vont avec. Il n’y a pas d’endroit plus attaché à cette tradition, que le nord de la Palestine où se déroule le film. Je vis dans mon pays en Palestine, c’est chez moi. Le cinéma est un art dont je suis tombée amoureuse. Je suis attirée par les histoires des gens que je connais ; mais pas seulement : on se doit de rester libre , sans limites dans la pratique de son art. »
Le poète Mahmoud Darwich (1941/2008) l’exprime autrement : « Je serai, tel que je fus, un simple soldat dans la bataille de la liberté et du chant… je défendrai les petites nuances… et je continuerai à décrire les arbres… »
France Culture lui consacre son vendredi 12 octobre à 23h.