De 1943 à 1954, les amours contrariées de Maria et Hermann Braun. Parti sur le front russe juste après son mariage, Hermann est porté disparu, tandis que Maria devient entraîneuse dans un bar pour G.I.’s ; elle y rencontre Bill… C’est le premier volet d’une trilogie sur l’Allemagne des années 50, celle d’Adenauer, de la reconstruction et du miracle économique .
Hanna Schygulla, l’actrice complice, pour « On aura tout vu » sur France Inter le 7 avril 2018 : « Notre génération, elle avait l’ombre très intense de grandir dans un lit si souillé par le nazisme ; d’une part on n’en parlait pas, donc obligés de tirer la vérité à la lumière ; et quoi faire avec toute cette quantité de déceptions sur la substance humaine ; parce que l’Allemagne était quand même une nation de culture !… C’est peut-être d’où ça vient (chez Fassbinder) cette espèce d’attitude très controversée (contradictoire) vis-à-vis de la culture, c’est à dire aussi vers l’art, il n’aimait pas l’art, mais il était un artiste à 100 %, il a choisi comme partenaires, des hommes qui n’avaient pas de culture, il n’aimait pas ça, il voulait être proche de la naïveté… Tout ça a fait un héritage dans lequel on a grandi, et après on a choisi, comme je l’ai exprimé dans cette chanson : la lumière noire. »
Frédéric Strauss, préface d’un livre de 5 à 600 pages réunissant tous les entretiens que le réalisateur a donnés. « Le score s’affiche pour l’éternité : plus de 40 films en 13 ans. Ces chiffres sont gravés aussi : 10/06/1982. Ce jour-là à Munich, un cinéaste allemand, au visage méditatif, au corps lourd et aux exploits de sprinter mourait d’une fulgurante vie d’artiste dédiée à la grandeur du cinéma. De « L’amour est plus froid que la mort » en 1969, à « Querelle » en 1982, R.W.Fassbinder fut l’homme d’un tour de force.Il fut aussi l’homme de l’épuisement, commençant sa carrière à 24 ans et l’achevant, achevé, à 37 ans. La mémoire est donc vive de ce moment fulgurant, de ces années Fassbinder, moissonnant les films, engrangeant les mythologies, ensemençant l’histoire du cinéma.Ce qui s’est perdu, c’est le flux, la tension, le choc, l’onde, le trip Fassbinder ; c’est la folie même de l’épuisement qui aujourd’hui s’est épuisée…Cette zone extrême, zone trouble de labeur et de génie mêlés, zone de danger entre ambition et aliénation. »
« C’est là où nous amène ce livre : le présent de Fassbinder y résonne toujours, redevient matière vive, lien vivant retrouvé dans sa parole. La parole c’était son trip ».
Juliana Lorenz : « Pour Rainer parler ne pouvait être qu’intense. Il ne supportait pas le blabla. Dans le flux de la parole de Fassbinder, le contact est tout, avec force : échange, combat, fusion, confession, réflexion, profession de foi. Le cinéaste qui voulait tout le temps faire des films voulait aussi que sa parole soit tout le temps création, qu’elle produise du sens, qu’elle enregistre une vérité, qu’elle projette une vision. »
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