De la Russie à la Chine avec le Club-ciné MJC

Lundi 30 septembre à 20h30, le club-ciné MJC et le cinéma de Millau vous proposent « Leto », un film du réalisateur et metteur en scène de théâtre russe Kirill Serebrennikov, avec Kirill Serebrennikov et Jia Zhang-Ke.

Léningrad, début des années 80. Alors que les disques de Lou Reed et David Bowie circulent « sous le manteau », Mike Naoumenko leader reconnu sur la scène rock, rencontre un jeune chanteur Viktor Tsoï, futur leader du groupe Kino (cinéma) ; entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en URSS. Ils vont former une petite communauté, qui veut remodeler la réalité peu souriante à la mesure de son propre désir… et qui va placer son idéal artistique et sentimental au-dessus de tout…

Moscou, 2017, K. Serebrennikov, créateur du Gogol center en 2012, à Moscou, centre d’art théâtral d’avant-garde :
« Nous, (lui et son équipe) donnons vie à une culture qui est inacceptable à un niveau officiel, selon les codes culturels de notre gouvernement, exactement comme le Léningrad de 1980 n’était ni le lieu, ni le moment pour une culture rock. Je fais ce film pour une génération, et à propos d’une génération qui considère la liberté comme un choix personnel, et comme le seul choix possible, dans le but de capturer et de souligner la valeur de cette liberté. »

« Leto », « ce film si lumineux, si énergique a été finalisé à distance », K. Serebrennikov ayant fait l’objet d’une assignation à résidence, d’août 2017 à avril 2019, suite à une inculpation pour détournement de fonds publics ; depuis il est interdit de sortie du territoire.

Eugénie Zvonkine : « En faisant un film sur Viktor Tsoï (1962- 1990), Kirill Serebrenikov n’exhume pas une figure oubliée, mais propose une relecture contemporaine de cette figure familière et chère à tous… lui et ses chansons demeurent aujourd’hui encore intensément populaires.
Tsoï représente ce désir de renouveau de la jeune génération pour laquelle la perestroïka (restructuration annoncée par Gorbatchev) va devenir une nécessité :

Nous sommes nés dans les étroits appartements Des nouveaux quartiers
Les habits que vous avez cousus pour nous Nous semblent déjà étriqués
Nous sommes venus vous dire que
C’est nous qui agirons désormais. »

Anna Zaïtseva : « Tsoï a su comme aucun autre chanter la résistance sourde à la réalité et l’impression d’étouffement si caractéristique du temps; mais il avait un autre thème de prédilection : l’abattement, la difficulté à vivre et à trouver du sens à l’existence. Il incarne l’espoir abîmé face à un monde qui peine à changer, et ce désir de liberté inassouvi qui se replie sur la liberté intérieure :

Cigarette dans les mains,
thé sur la table Voilà un schéma simple
Tout le reste est à l’intérieur de nous. »